Magic Song

Tableau de Pablo Picasso : Guitare et carte

D’puis qu’j’ai changé mes Bicycles contr’une guitare,

J’ne regarde plus les vidéos d’Michael Ammar.

Pour pouvoir jouer mes quatre accords sans triolet,

J’ai du r’noncer au faux comptage d’Alex Elmsley…

Y’a pourtant qu’sept notes, un seul la au diapason,

Alors qu’il y a 52 p’tits bouts d’cartons….

Pour réussir un bel accord en do majeur,

J’ai du r’filer l’nom, le prénom du Professeur…

Pour pouvoir suivre les batt’ments de mon métronome,

J’ai du leur dire qu’il s’agissait de Daï Vernon.

Mon pote Chelman me r’garde maintenant d’un air bizarre

D’puis qu’je sais jouer le si bémol, le ré bécarre…

Je n’regarde plus les DVD de Ted Lesley

Car j’vous l’confesse pour faire un fa, c’est mal barré.

Et pour comprendre le déchiffrage d’mes tablatures,

J’ai du zapper les émissions de Gilles Arthur…

Depuis qu’j’m’esquinte les doigts avec un médiator,

Je n’arrive plus à faire tenir mes Excelsiors !

Et afin d’pouvoir composer deux ou trois rimes,

J’ai supprimé toutes mes visites chez Magic Dream…

Vu qu’pour chanter, faut s’entraîner aux vocalises,

J’aurais p’t’e dû jouer du violon comme Tamariz.

Moi qu’ai loupé la conférence d’Henri Mayol,

J’fais un sleeving, v’la ma clé qui tombe sur le sol…

Je ne lis plus les Magic Notes de Jay Sankey

Mais seulement celles qui restent encore à ma portée.

Pour pouvoir jouer un bel accord en mi septième

Fallu qu’j’m’isole sur l’pylône de David Blaine…

Pour mettre en place, c’est pas facile, mon capodastre

J’ai dévoilé quelques secrets, j’ai mis un masque…

Pour composer fa, do, si, ré, sol.. dat, mi… rouf

J’dû m’engager, faire quelques pompes, finir au gnouf…

Et pour éviter toutes fautes de syntaxe,

Pour mes écrits, je tout relu Gérard Majax.

D’puis qu’j’ai commencé à gratter quelques arpèges,

J’y comprends rien, même japonaise, voilà qui neige…

Moi qu’ai commencé la magie avec trois cordes

J’en suis maintenant à la version avec six cordes…

Sur ma guitare j’ai composé ce petit air

Qu’était écrit, signé pour vous … Gérard Bakner.

(Septembre et novembre 2005)